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selloum village kabyle
12 janvier 2010

Légende Le mythe de la vieille

Légende
Le mythe de la vieille

Dans l’univers culturel berbère, un drame mythique marque de sa forte empreinte Yennayer. Des histoires légendaires sont différemment contées au sujet d’une vieille femme. Chaque contrée et localité ont leur version. Les Kabyles disaient qu’une vieille femme, croyant l’hiver passé, est sortie un jour de soleil dans les champs et se moquait de lui. Yennayer mécontent, emprunta deux jours à furar et déclencha, pour se venger, un grand orage qui emporta, dans ses énormes flots, la vieille. Chez les Ath Yenni, la femme fut emportée en barattant du lait. Chez les Ath Fliq, il emprunta seulement un jour et déclencha un grand orage qui transforma la vieille en statue de pierre et emporta sa chèvre. Ce jour particulier est appelé l’emprunt “amerdil”. Le Kabyle le célébré chaque année, par un dîner de crêpes. Le dîner de l’emprunt “imensi umerdil” fut destiné à éloigner les mauvais esprits. A Azazga et à Bgayet (en Algérie), la période de la vieille “timgharin” durait sept jours. Le mythe de la vieille exerçait une si grande frayeur sur le paysan berbère au point que celui-ci, est contraint à ne pas sortir ses animaux durant tout le mois de Yennayer. Le pragmatisme a fait que les jours maléfiques furent adaptés par le Kabyle à l’organisation hebdomadaire des marchés dans les villages. Cette répartition du temps de la semaine est encore d’actualité. Chaque commune de la Kabylie possède son jour de marché. Pour l’esprit rationnel, le tabou de ne pas sortir les animaux s’explique plutôt par l’utilisation de la bête comme source de chaleur pour la famille durant le mois le plus froid de l’année. L’architecture intérieure de la maison traditionnelle étaye au demeurant cette argumentation. Le mythe de la vieille a marqué, d’Ouest en Est, les régions berbérophones. A Fès (au Maroc), lors du repas de Yennayer, les parents brandissaient la menace de la vieille si leurs enfants ne mangeaient pas à satiété : “La vieille de Yennayer viendra vous ouvrir le ventre pour le remplir de paille.” A Ghadamès (en Libye), “Imma Meru”, était une vieille femme laide, redoutée et malfaisante. Elle viendra griffer le ventre des enfants qui ne mangeaient pas des légumes verts durant la nuit du dernier jour de l’année, disaient les parents. Pour permettre aux jeunes pousses d’aller à maturité, l’interdit de les arracher s’applique par “Imma Meru a uriné dessus”. Etant conté différemment, dans la quasi-totalité des régions bérbérophones, le drame légendaire de la vieille de Yennayer a le même support culturel. Des traditions berbères liées au changement de l’année, se retrouvent dans plusieurs régions d’Afrique, voire du bassin méditerranéen. Elles s’apparentent parfois à de la superstition, néanmoins, elles participent à la socialisation des personnes, harmonisent et renforcent le tissu culturel. Des peuples d’identités différentes considèrent les divers rites de Yennayer faisant partie intégrante de leur patrimoine culturel.

Ahmed B.

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