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selloum village kabyle
12 janvier 2010

C’est quoi au juste ?

C’est quoi au juste ?

Le Nouvel An berbère ou Yennayer correspond au 12 janvier de notre calendrier julien. Il marque le début de l’année chez les Berbères et consacre le passage de "La Porte de l’Année". Voici quelques explications suivies du conte intitulé "L’histoire de Janvier et Février" en kabyle et en français. Les versions divergent quant à l’origine du nom et de la célébration de cette date. Formé de deux mots, “yiwen” et “agur”, yennayer signifierait littéralement le premier mois, soit le mois de janvier. Le Nouvel An berbère est traditionnellement fêté un peu partout en Afrique du Nord. Cette date issue du calendrier agraire est utilisée par les Berbères depuis l’Antiquité. Elle est liée au cycle des saisons et célébrée dans une atmosphère de fête qui dure selon les régions de deux à quatre jours. Dans la pratique, cette fête doit être de bon augure. Elle est en premier lieu marquée par la consommation d’un repas riche. Tous les convives doivent sortir de table rassasiées afin que l’année soit prospère.

Les origines de Yennayer

Yennayer vient de Janiarius, qui a donné son nom au mois de janvier. Jusqu’au Ier siècle avant Jésus-Christ, les Romains commençaient l’année en mars. Jules César a ensuite procédé à une réforme à l’origine de notre calendrier julien. César appartenait à une famille réputée, la gens Julia, d’où le nom. Problème, le nouveau découpage donne une année de 11 mois auxquels on ajoute 28 jours.

En fait, ce système ne coïncide pas avec le rythme solaire. Cela n’était pas du tout pratique pour les agriculteurs. Pour trouver une solution au décalage entre l’année sur le papier et l’année réelle, il faut attendre 1582. Le pape Grégoire XIII élabore alors un calendrier qui porte son nom, celui que nous utilisons. Bien sûr, tout le monde ne suit pas les conseils du souverain pontife : c’est le cas des orthodoxes qui décident de garder le calendrier julien. Et les Berbères dans tous ça ? En fait, en Afrique du Nord on ignore totalement la réforme grégorienne, du moins jusqu’au XIXe siècle. Les musulmans ont bien apporté un calendrier lunaire, mais les populations restent relativement insensibles à ce mode de calcul lunaire. Pour finir, pourquoi est-on en 2956 ? Il s’agit en fait d’un repère fixé de manière rétroactive par l’Académie berbère dans les années 1970. A l"époque, le but était d’établir un lien avec l’Égypte antique. Il y a 2656 ans, donc en 950 avant Jésus-Christ, un Berbère est monté sur le trône égyptien. Chachnaq Ier (Cecnaq en berbère) inaugure la XXIIe dynastie, issue d’une famille venue de Bubastis. Il s’agit donc d’un choix récent et symbolique.

 

Le dîner de Yennayer

Le repas, préparé pour la circonstance, est assez copieux et différent du quotidien. Les rites sont effectués d’une façon symbolique. Ils sont destinés à écarter la famine, augurer l’avenir, consacrer le changement et accueillir chaleureusement les forces invisibles auxquelles croyait le Berbère. Pour la préparation de "imensi n yennayer", le Kabyle utilise la viande de la bête sacrifiée “asfel”, souvent de la volaille, mélangée parfois à la viande séchée “acedluh” pour agrémenter le couscous, élément fondamental de l’art culinaire berbère. Les plus aisés affichent leurs différences. Ils sacrifient une volaille par membre de la famille.

Le coq est pour l’homme (sexe masculin) et la poule pour la femme (sexe féminin). Un coq et une poule sont attribués à la femme enceinte dont l’espoir qu’elle n’accouche pas d’une fille qui était hélas souvent mal accueillie au sein du système patriarcal de certaines tribus.

En revanche, le premier yennayer suivant la naissance d’un garçon était d’une grande importance.

Le père effectue la première coupe de cheveux au nouveau né et marque l’événement par l’achat d’une tête de bœuf. Ce rite augure de l’enfant le futur responsable du village. il est répété lors de la première sortie du garçon au marché. Il est transposé, dans les mêmes conditions, à la fête musulmane chiite de l’Achoura, dans certaines localités berbérophones. "Imensi n yennayer" se poursuit tard dans la nuit et la satiété est de rigueur.

C’est même désobligeant pour la maîtresse de la maison “tamgart n wexxam” de ne pas se rassasier. Il est aussi un repas de communion. Il se prend en famille. On réserve la part des filles mariées absentes à la fête.

On dispose autour du plat commun des cuillères pour signaler leur présence.

A travers les génies gardiens, les forces invisibles participent au festin par des petites quantités déposées aux endroits précis, le seuil de la porte, le moulin de pierre aux grains, le pied du tronc du vieux olivier, etc. et la place du métier à tisser qui doit être impérativement enlevé à l’arrivée de yennayer.

Sinon les forces invisibles risqueraient de s’emmêler dans les fils et se fâcheraient. Ce qui est mauvais pour les présages.

R. N.

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