LE kamikase
2007) Virée au quartier de bachdjarah Itinéraire d’un collégien kamikaze Par : Saïd Ibrahim |
Le cas de ce jeune kamikaze est une nouvelle preuve quant aux difficultés que rencontre le GSPC pour enrôler de nouvelles recrues. La cité Hadji-Moussa (ex-cité des fonctionnaires), à Bourouba, est un quartier paisible d’habitude. Situé à proximité du bidonville de la commune, il est séparé par une clôture en fer forgé. Constitué de trois bâtiments, ce lieudit retiré est communément appelé cité des fonctionnaires, car tous les appartements étaient attribués à des enseignants dont certains les ont vendus par la suite. C’est dans ce quartier paisible et bien fréquenté qu’a grandi le jeune Nabil, dont les parents sont originaires de Sour El-Ghozlane. Âgé de 15 ans (il est né en 1992), il n’a jamais eu de mauvaises fréquentations et personne ne dit du mal de lui. Ses camarades de classe sont unanimes à reconnaître en lui un enfant bien élevé et surtout studieux. “En classe, il est brillant et jamais ses professeurs du collège de Bourouba n’ont eu à se plaindre de son travail ou de sa conduite. Il était un exemple pour tout le monde et personnellement, mon père m’a toujours demandé de suivre son exemple tellement il était bien élevé, courtois et respectant les adultes”, témoigne un jeune collégien fréquentant le même collège, mais pas la même classe. Tous les jeunes du quartier affirment ne pas comprendre comment leur ami, si gentil et timide, a-t-il pu se retrouver mêlé au terrorisme et surtout commettre un attentat suicide, lui qui respirait tant la vie. “Sincèrement, lorsque j’ai appris la nouvelle ce dimanche, je n’en croyais pas mes oreilles et je me suis dit qu’il ne s’agissait que d’une rumeur”, affirme un homme rencontré au centre-ville de Bachdjarah. Le même individu estime, par ailleurs, que certes le jeune homme fréquentait la mosquée du quartier de manière assidue, “mais cela ne veut pas dire qu’il avait des idées extrémistes. Non, il était juste pieux comme nombre de jeunes de la ville”. La maison des Belkacem est située très en retrait, à l’extrémité même de la cité. La famille, dont le père est marin, est respectée dans le quartier. Hier, lundi, la maison ne désemplissait pas : des parents sont venus nombreux pour présenter leurs condoléances. Le père refuse toute interview, se contentant de soupirer à chaque fois que nous tentons de lui soutirer des informations. “Je n’ai rien à dire”, ne cesse-t-il de répéter comme un leitmotiv. Triste, les yeux cernés par des nuits sans sommeil, il semble ne pas encore réaliser le malheur qui vient de le frapper. Lorsque nous sommes arrivés chez lui, vers les coups de 14h, il était assis dans la cour de son appartement situé au rez-de-chaussée. Saïd Ibrahim |