Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
selloum village kabyle
7 novembre 2007

Pourquoi je quitte le RCD said eamoum

Saïd Azamoum
Pourquoi je quitte le RCD

Au lendemain de mon retour d’Angleterre qui a coïncidé avec les événements d’Octobre 1988, la question ne se posait même pas : mes convictions, mes projections et le projet de société que j’ambitionnais pour l’Algérie a fait que naturellement je me suis impliqué dans le RCD. Dix-huit ans de combat où j’ai vu des générations de militants du RCD, défiler, s’en aller les uns après les autres et cela depuis Batna 1990. Certains (les plus chanceux, comme dirait l’autre, “Heureux les martyres qui n’ont rien vu” assassinés par les intégristes, d’autres nous ont quittés morts d’épuisement, d’autres déçus, usés, fatigués, désappointés et carrément dégoûtés, se sont éloignés dans le silence au fil des années (depuis 1990) : les plus chanceux d’entres eux sont devenus ministres, députés et enfin une dernière catégorie fait le bonheur aujourd’hui de listes de partis politiques. Combien il était difficile d’assumer le label RCD, car c’est de cela qu’il s’agit : ces militants ont travaillé dur, pris des risques énormes au péril de leur vie mais ils étaient loin de douter un instant qu’il fallait faire sienne cette maxime “Dieu protégez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe”. Que reste-t-il de ce projet ? Il n’est aujourd’hui que chimère. Le congrès de 2007 a scellé définitivement cette ambition démocratique, cœur de notre combat. Aussi que ce soit pour le chapitre organique où le RCD est réduit comme dans les dictatures stalinennes à avoir d’un côté le berger et de l’autre le troupeau. Le programme du RCD est devenu un ensemble de mosaïques où personne ne peut déceler une quelconque identité politique du RCD. Cet état d’indigence politique explique l’incapacité du chef à prendre position par rapport à tous les événements qui secouent l’Algérie : la seule fois où il est sorti de son mutisme c’était pour dénigrer la visite de l’icône. Zidane en Algérie et dans son village natal. A force de s’embourgeoiser, on s’emprisonne dans une situation kalffaïenne où l’on finit par confondre parti et propriété personnelle à se convaincre que tout acquis est mérité et plus grave encore, on ne peut se suffire que de courtisans et de chargés de mission. Ils sont comme des bêtes affamées, voraces, assoiffés sans foi ni loi où les petits intérêts bassement matériels guident leur chemin aveuglé où il n’y a plus de place ni à l’amitié, ni à la dignité, ni au respect, ni au serment, ni enfin comme le dit l’adage populaire au respect du “Nif et de la Harma”. L’argent et la loi de la tribu ont fini par gagner le RCD à la tête. Ces deux fléaux ont accouché de cette configuration ravageuse au RCD. Une personne à la tête et des chargés de mission à la base. Les deux sont pathétiques car leur vie est réduite comme dirait Yasmina Khadra à courir derrière des intérêts bestiaux. Pour ma part, je ne peux tolérer davantage cette situation faite de dérapages et de dérives. Je ne peux cautionner la programmation de la mise à mort du RCD à un niveau ou à un autre. Les militants du RCD là où ils se trouvent doivent savoir que j’ai utilisé tous les moyens possibles pour tirer la sonnette d’alarme, car quoi de plus civilisationnel que d’interpeller par écrit : Mais comme disait Matoub : “Celui qui se tait est complice” ; je l’avoue, j’ai reçu un coup de poignard dans le dos par ceux qui ont participé à la rédaction de la lettre de janvier 2007 et qui l’ont utilisée par la suite comme arme pour de petits intérêts en offrant leurs services au fort du moment : une si petite personne pour un si petit intérêt ! C’est ce qu’on appelle les prédateurs, les parasistes disponibles à effectuer les basses besognes. Les militants doivents se méfier du règne de l’impunité. Pour ma part, j’ai accompagné la patience jusqu’au bout en acceptant après dix-huit ans de combat une place peu reluisante aux élections législatives de mai 2007 alors qu’autour de moi on me demandait de me retirer. Mais pour moi, c’était un test nécessaire pour jauger encore une fois de la capacité des hommes à s’élever, d’agir en responsable dans l’intérêt du RCD, même quand leur ego est touché. Mais il est vrai que la traîtrise aidant, je ne pouvais espérer davantage. Il est difficile de supporter ces  exactions dans le silence et la douleur : la patience a une limite. Par respect aux convictions profondes qui nous animent et que nous avons défendues ensemble, par fidélité à notre combat, j’annonce aujourd’hui solennellement que je me retire définitivement du RCD. Je pars avec la fierté de la reconnaissance des militants, laquelle s’est encore exprimée lors du dernier congrès (février 2007) en étant élu premier membre du conseil national par les 550 délégués de la wilaya de Béjaïa. Ma conscience est tranquille et libérée. Les expériences forgent les hommes, aujourd’hui cette expérience à côté d’autres est ma façon à moi de tirer la sonnette d’alarme et une mise en garde : il faut toujours se méfier de ceux qui dénoncent la corruption et le tribalisme. Jabran Khalil Jabran disait : “Malheur à la nation toujours qui haït l’injustice durant son sommeil et s’y soumet durant le jour. Les démocrates ne sont pas toujours là où on les croît être. Finalement, on ne se décrète pas démocrate : seul le comportement au quotidien et au fil des années peut le confirmer”. Cette remarque doit servir tout un chacun là où il se trouve.

Saïd Azamoum

Membre fondateur du RCD,

Membre du conseil national du RCD

revenir à la rubrique "L'événement" 

Publicité
Commentaires
Archives
Publicité
Publicité