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selloum village kabyle
8 novembre 2007

Que diront les candidats pour convaincre ?

Quelques millimètres de pluie mettent à nu la gestion désastreuse des localités Que diront les candidats pour convaincre ? A la veille du lancement de la campagne électorale, plus que d’autres régions du pays, la Kabylie a particulièrement subi la furia du ciel ces derniers jours. Eboulements, inondations, routes coupées, localités complètement isolées, mort d’hommes, la wilaya de Tizi-ouzou a vécu un week-end noir par la faute d’une gestion désastreuse des localités impuissantes à contenir quelques millimètres de pluie. La nature va-t-elle s’imposer pour en constituer un thème de compagne ? D’abord ce constat : Les élections locales, en Kabylie, s’annoncent dans l’indifférence des électeurs qui sont censés les faire. Hier, à la veille du top départ de la campagne électorale, les jeunes, plutôt branchés dans leur majorité sur l’autre rive suivaient sans doute plus l’évolution de la prestation de Sarkozy devant le Congrès américain ou encore la nouvelle vie de Cécilia. Les responsables de familles s’affairent encore à évacuer l’eau de leur demeure inondée. Ils n’auront certainement pas le temps de penser à faire un saut au spectacle pour enfant initié par le Croissant-rouge local au théâtre régional de Tizi-ouzou. L’initiative est louable, dirait peut-être l’autre par politesse mais comme le C-RA n’a jamais été d’essence une boite d’organisation de spectacle, devait-on penser qu’il y a des choses que le chant ne peut faire oublier à un enfant. Comme le froid, la faim… Ce qu’il lui faut, c’est la chaleur d’un toit, d’une soupe chaude, d’un vêtement, d’une paire de chaussures d’où ne dépasserait pas l’un de ses orteils, et des parents dégagés de leur détresse. Bref ! La campagne électorale est vraisemblablement déjà en branle à tous les niveaux. Mais voilà que la pluie est de retour. A vrai dire le ciel ne s’est jamais complètement libéré depuis les dernières intempéries. Les stigmates et les dégâts causés affectent toujours le beau décor de cette Kabylie défoncée par l’inconscience, l’incompétence ou la ruse (c’est selon, ou plutôt, au cas par cas) des gouvernants. Mardi dernier encore, et comble des paradoxes, la circulation bloquait toujours au niveau de la direction des sapeurs pompiers, implantée à la sortie Est de la cité, sur la RN12. Un axe particulièrement touché par les dégâts occasionnés par les grandes pluies. Tizi-ouzou est passé l’espace d’un temps…de chien pour une forteresse inaccessible ni en voiture ni…en bottes. Toutes les routes donnant accès à l’espace urbain sont devenues de petits chemins sinueux, cabossés, débordants d’eaux et de boue lorsqu’elles ne sont pas complètement éventrées. Même l’autoroute arrivant d’Alger à la rentrée Ouest s’est mue en une grande rivière en gronde. On ne pensait plus à ne pas se faire mouiller, mais juste à sauver sa tête… le mauvais temps n’avait pourtant pas duré pour concevoir une telle catastrophe. Cela a même commencé dans la joie, lundi. La pluie s’abattait de plus en plus fort sur la ville en ce début d’après-midi au moment ou au stade du 1er Novembre, la JSK faisait pleuvoir des buts contre le WAT. Six au total. Les Tlemcienniens ont vraiment pris de l’eau. La population était loin de s’attendre à en prendre, elle aussi, pour son grade et pour de vrai. «Tchipa, et l’attribution des marchés !» On est passé, d’un coup, d’une euphorie à un scénario catastrophe par la faute stupide d’irrigations non conformes, de cours d’eaux non dégagés, d’ouvrages d’arts réalisés à l’à-peu près … Voilà une situation qui a fait regretter le bon vieux temps…des ponts de chaussés ! Et pourtant les APC suffoquent aujourd’hui plus que jamais de leurs masses salariales qui dépassent souvent, c’est même presque une règle, les 70 %. C’est le cas de la commune de Tizi-ouzou, dite…capitale de la Grande Kabylie. A Mekla, une municipalité qui a vu périr, lors de ces intempéries, son chef de service du département financier, le défunt Chebbah Ahmed, on n’en est pas loin. « Cela avoisine les 60% », révèle M. Laceb, maire intérimaire, et secrétaire général en poste depuis maintenant près de dix ans. « Les APC de la Haute Kabylie ne sont pas du tout dotées pour faire face à d’éventuelles situations exceptionnelles. Pour la petite histoire, cela fait juste deux mois depuis qu’on a acquis la seule pelle mécanique que nous possédons. Jusque-là, c’est un tracteur qu’on a équipé d’une lame pour nous en servir en périodes de neige. Pour le reste, on a un seul camion-citerne et trois tracteurs pour faire face aux incendies d’été et au ramassages d’ordures ménagères. Faute d’équipements, on n’est prêt pour aucune exception, malgré toute la volonté qu’on peut avoir », disait-il avec un esprit perdu dans une longue pensée au défunt collègue qui venait à peine de passer le cap de la quarantaine. « Ahmed a péri dans la voiture emporté par la retenue collinaire de Oued Fali qui a cédé sous la pression. Il était parti pour une visite privée à ses beaux-parents. Le drame s’est produit à son retour après qu’il eut déposé sa famille à Tirmitine. Il y avait quelqu’un qui a essayé de le retenir par la main au moment où l’eau l’emportait mais il n’a pu le sauver. Il a fini par le lâcher. Sa dépouille a passé toute la nuit dans la rivière. On ne l’a retrouvée que le lendemain vendredi vers 9 heures ». Ahmed est parti laissant derrière lui une veuve et trois enfants dont l’aîné est une fille de onze ans. L’histoire ressemble à un film dramatique. Mais, c’en est une vraie, malheureusement. A l’intérieur du bureau du maire qui fait ce qu’il peut, on parle de cette action de solidarité initiée par l’APC en faveur de la famille du défunt. C’est toujours bien des initiatives comme ça ! Dehors, les voix mettent le doigt sur un tout autre sujet sensible, classé tabous, et surtout très juteux : L’attribution des marchés. « Il y a à boire et à manger, et ces gens ne s’en rassasient jamais. » « Ces élus spécialisés dans l’attribution de logements, de licences de débits de boissons… » « C’est du trafic sur trafic. Il n’y a qu’à voir toutes ces agences immobilières qui poussent, tous ces apprentis-entrepreneurs qui se multiplient. C’est normal que ça ne tienne pas, au lieu de mettre un sac de ciment pour trois brouettes de sable ils en mettent un sac pour cinq, au lieu d’utiliser six barres de fer, ils en mettent uniquement quatre, au lieu d’utiliser le 14, ils utilisent le 12 ou le 10, de toutes les façons ça sera enfouis dans le ciment, et les contrôleurs sont complices, on se fait toujours une relation pour faire passer les dossiers et partager la « Tchipa ». Il suffit juste de faire une virée dans les barres et vous verrez qui s’attable avec qui… Et celui qui paye c’est moi, toi, ce petit peuple, Châab E’Rkhis Kima Y’koulou ! » Cela fait cinq que Boussaâd chôme. Il est pourtant diplômé mais il ne voit rien venir de réjouissant pour lui. C'est-à-dire, pas de travail, ni d’appartement personnel, que d’amours sans lendemain. Rien de concret en faite qui l’inciterait à envisager une vie dans son pays, auprès des siens. Il dit qu’il n’a pas l’intention d’aller voter le 29 novembre prochain. « De toutes les façons, je n’ai pas de carte, et ça fait long temps que je ne le fais plus. La dernière remonte au temps de Zeroual. Voilà, on dit qu’il passe pour un champion de dominos à Batna. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais une petite estime pour lui. Tient il n’était pas à la dernière réception de Bouteflika. Il y avait Chadli, Ben Bella, Kafi, mais pas lui. Peut-être qu’il avait une partie à finir…» Amar, son ami de toujours et dans la fac dans le temps suit le discours entamé : « Vous savez si les eaux n’ont pu être contenus, c’est par ce que les systèmes d’évacuation et de drainage, et l’aménagement des routes ont été défaillants, ils n’ont pas été conçus comme il le faut. Des trottoirs sont posés directement sur de la terre pleine sans aucune évacuation. Par d’autres, là oùil faut mettre des buses de 120 ou je ne sais quel diamètre, on a toujours triché pour faire l’économie de quelques sous… Il n’est pas concevable qu’une nouvelle route s’affaisse quand même ! Même la route d’Alger n’est pas sécurisé, c’est grave !» Et les prochaines élections ? « Mais qu’est-ce qu’ils vont dire encore. C’est leur gestion, deux jours de pluie, et c’est le déluge. Ils ne se sont jamais souciés des problèmes des citoyens, ceux qui sont élus ne parlent alors que d’actes de propriétés, d’attribution de logements, d’assiettes de terrains, de licences de débits de boissons… Et puis y a rien qui rassure, qui augure d’un renouveau. La politique est « batardisée » en Algérie. N’importe qui est promu n’ importe où…» Cet autre constat est funeste et il n’est pas certain qu’il soit décalé de la réalité ! Djafar Chilab"
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