Tizi échappe au FFS et au RCD

Après 17 ans de règne sur la commune

     Tizi échappe au FFS et au RCD au profit du parti de Belkhadem !

Jeudi, jour du scrutin. Il est 8h et les centres de vote viennent d’ouvrir, mais Tizi-Ouzou ne branche pas. Elle préfère dormir encore. Pas seulement parcequ’il fait froid et que la pluie s’abat sans interruption depuis la ville, mais aussi, et surtout, parceque la ville ne s’est jamais vraiment intéressée aux consultations électorales.

Du coup, le réveil des Tizi-Ouziéens fût long et laborieux. Les deux premières heures du vote étaient d’une morosité incroyable.

En dehors du personnel administratif mobilisé pour les besoins de l’opération et la présence très remarquée (comme à l’accoutumée) des services de sécurité, il était difficile de croiser des votants potentiels" dans les différents centres de vote. Le désintéressement de la population vis à vis de la chose politique y était pour beaucoup. Les mauvaises conditions climatiques ont fait le reste.

D’ailleurs, les premières statistiques inhérentes aux taux de participation dans le chef-lieu de wilaya se passaient de tout commentaire : à 10h, seul 2% des inscrits ont daigné prendre le chemin des urnes. Décevant, dérisoire, inquiétant, les représentants de partis "impliqués" dans ce vote ont tous reconnus le mauvais départ qu’a pris l’opération électorale à Tizi-Ouzou, mais aucun d’entre eux n’a voulu se départir de ce sentiment d’optimisme qui à motivé leur discours et leurs candidatures aussi. Tous ont tenté de remettre cette démission populaire sur le compte d’un temps glacial et pluvieux. Et tous ont estimé que ces chiffres seront revus à la hausse dès la mi-journée. Conviction personnelle, ont t-ils laissé entendre. A midi, et alors que la cité est prise dans un vrai déluge, nous décidons de sonder le déroulement de l’opération électorale dans les villages et hameaux périphériques?

A Redjaouna, Hasnaoua, Betrouna ainsi qu’a la Nouvelle-Ville le topo est le même.

Le vote se déroule avec une franche touche de timidité, mais sans heurts, ni incidents, c’est plutôt à Tala Athmane que des citoyens, proches de la liste des indépendants nous signalent certains dépassements.

Selon nos interlocuteurs qui nous ont spontanément accosté à l’entrée d’un bureau, des militants du RCD se sont (par on se sait quel moyen) procuré des bulettins de vote appartenant à leur parti, qu’ils ont massivement distribué à des votants ( de vieilles femmes pour la plupart) en les incitant à les glisser dans les urnes". Rien de moins !. Mis à part ce petit couac, il n’y avait vraiment rien à signaler sur l’ensemble des bureaux de la ville. Sauf, peut être, ce "mandit" taux de participation qui ne voulait toujours pas grimper. A 17 heures, ce taux n’a pu dépasser la barre des 14%. A cet heure là, Tizi-Ouzou était la commune la moins votante de toute la wilaya. Un sacre que la ville réussira d’ailleurs à préserver après la clôture officielle des bureaux de vote, avec seulement... 20% d’électeurs inscrit. Un chiffre qui ne représente que la moitié du taux global de participations que la wilaya à enregistré, lequel à aisément dépassé la barre des 42%

A Tizi donc, quatre inscrits sur cinq ont décidé de bouder les urnes. Un score lamentable, mais toutefois très attendu. Lamentable parceque des communes comme Aït Chafâa ont réalisé des scores carrément irréels pour une régions comme la Kabylie, avec un taux de 72%. Et attendu parce que la campagne électorale qui fût terne et sans entrain, nous à donné un avant-goût sur ce qu’allait être ce scrutin dans une ville peu portée pour les consultations électorales.

Le verdict des urnes

Il est 19h et la décisive opération de dépouillement peut (enfin) commencer. La pluie et le froid sont toujours là. Ce qui a changé c’est l’obscurité ( au sens propre et figuré) qui règne maintenant sur la ville, et cette ambiance, jusque-là paisible et sereine, qui est subitement devenue tendue et électrique. Au centre N°1 de Kerrad Rachid, en plein cœur de Tizi, le dépouillement attire la foule. De nombreux citoyens, devenues subitement insensibles aux conditions climatiques suivent l’opération de près. Les plus agités, c’est les représentants de partis. Les PV en main, ils courent dans tous les sens pour ne rater aucun détail, aucun chiffre. Les tendances générales commencent à faire surface.

Le FLN et le FFS sont au coude à coude dans plusieurs centres, avec, toutefois, une légère avance pour le parti de Belkhadem. Sereins, les candidats du FLN ne veulent pas crier victoire avant que les résultats en provenance du village de Ihesnaouen ne soient connus, C’est de ce village qu’est natef la tête de liste FFS, et les FLNistes savent pèrtinemment que c’est précisément-là que leur concurent direct va raffler le maximun de voix. Au fur et à mesure que les heures passent, les résultats se font de plus en plus contradictoires. Ce n’est qu’aux alentours de minuit que le premier vrai verdict tombe enfin. Le FLN est en parfaite égalité avec six sièges chacun. L’ex-parti unique, et c’est un fait historique, s’empare de la municipalité de Tizi-Ouzou grâce... à l’age de son candidat (qui est, en plus clair, plus vieux que son concurrent du FFS ! ). Les autres partis en lice ont, globalement, maintenu leur scores réalisés dans les précdentes élections avec quatre sièges pour le RND, quatre pour le RCD.

La petite prousse vient des indépendants qui ont réussi à arracher trois "importants" sièges à Tizi, devant des ténors de l’échiquier politique local. De fait, si ces locales n’ont pas dérogé à la règle en matière de participations, elle ont eu le mérite de bousculer un ordre établi depuis 1990, en mettant fin à la suprématie du FFS et du RCD sur la municipalité. Désormais, et il faut faire avec, la ville de Tizi-Ouzou, la plus importante de toute la Kabylie, est aux mains du parti de Belkhadem... et ça durera cinq ans !!

Ahmed Benabi