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selloum village kabyle
5 décembre 2007

El Khabar s’attaque effrontément à Ferhat Mehenni

El Khabar s’attaque effrontément à Ferhat Mehenni
Le mal du délire et l’art de médire

Au moment où la corporation de la presse est interpellée par son devoir de faire valoir ses ambitions à plus d’autonomisation et d’ouverture face à des pratiques de pouvoir qui n’arrivent pas à se délester de leurs réflexes répressifs et clientélistes, nous constatons, hélas, que des organes de cette même corporation n’hésitent pas à se fourvoyer et à se tromper grossièrement de cible en s’érigeant en donneurs de leçons, pire en dangereux inquisiteurs. Le malheur veut que cela se produise le plus souvent sur les colonnes des journaux arabophones, lesquels n’ont pas encore acquis toute la maturité nécessaire leur permettant de sortir des schémas étriqués de l’idéologie arabo-islamiste et de prendre en charge l’ensemble des données socioculturelles de l’Algérie dans l’exercice quotidien du métier du journalisme.

Avouons que des franges importantes de l’élite francophone du pays ont applaudi chaudement la réussite du quotidien El Khabar à tel point qu’une partie des acteurs politiques, économiques, sociaux et culturels s’est tournée vers ce quotidien pour qu’il serve de relais à ses idées. Pour beaucoup de journalistes et de praticiens de la langue arabe, le défi de sortir cette langue des vieilleries médiévales et de la langue de bois du parti unique pouvait être relevé par un journal moderne qui s’adresserait à l’ensemble des Algériens en ciblant leurs préoccupations majeures.

Avec l’avancée enregistrée par El Khabar sur le plan des moyens matériels et du lectorat, un brin d’espoir commençait à poindre, celui de quitter les sentiers battus et de ‘’décomplexer’’ la langue arabe en lui faisant dire des vérités dressées à l’ordre de la raison humaine. Lorsque ce quotidien a atteint un tirage de 600 000 exemplaires il y a quelques semaines de cela, l’élite culturelle du pays a ressenti une vif sentiment de fierté devant une réussite médiatique, intellectuelle et technique qui, en principe, permet de porter la voix de l’Algérie bien au-delà des frontières.

Mais, voilà que par successifs petits glissements, El Khabar en arrive à jouer au Torquemada des temps modernes et à prendre les couleurs d’El Mounqid sans Benazouz Zebda. Cela s’est passé dans l’édition du lundi 3 décembre dernier, en page 31. Le journal s’attaque à Ferhat Mehenni d’une façon ignominieuse qui rivalise en insultes et autres procès d’intention avec l’ancienne presse du parti unique. Pour informer le lecteur que Ferhat refuse la proposition des députés tendant à faire écrire tamazight en lettres arabes, le canard en question s’est cru obligé d’ajouter : « Cette réponse était prévisible de la part d’un homme qui dirige un mouvement sécessionniste qui appelle à la séparation avec les Arabes et à rejoindre le giron d’Israël »

Dans le même numéro, le journal monte en épingle la ‘’polémique’’ opposant l’église protestante de Tizi Ouzou et l’Association des Oulémas algériens suite à des déclarations non vérifiées de cette institution chrétienne et qui auraient trait au rite de l’Aïd El Adha. El Khabar en fait inexplicablement ses choux gras en grande manchette.

Bien que la bêtise, la sottise et la haine maladive n’aient pas de langue particulière d’expression, les chemins fangeux dans l’ornière desquels s’enlisent souvent les journaux en arabe-en voulant ressusciter les anathèmes et les ostracismes alimentés par le délire de l’arabisme- dégagent les remugles de l’impuissance et de la régression inféconde.   

La culture martiale développée par ‘’El Khabar’’ est plus pernicieuse du fait qu’elle est enrobée dans un vernis moderniste. L’offense faite à la vérité, à la sensibilité citoyenne et à l’éthique était d’autant plus grave qu’elle venait d’un organe d’information qui bénéficiait jusque-là d’une certaine respectabilité.

Amar Naït Messaoud

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