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selloum village kabyle
10 mars 2008

Portrait de femme saoudi dalila

                                                                          Portrait de femme

1755_52656                             De Chorfa à New York               

De toute évidence, la commémoration de la demi-journée de la femme ne semble pas emballer outre mesure la gent féminine. Encore une halte mécanique pour fêter la mère, la sœur et l’épouse.

Une halte, qui à défaut de fêter des espaces de liberté conquis  et des droits réellement arrachés, a cependant le mérite de rappeler à un Etat, à une société et à la femme essentiellement que pas grand-chose sur le terrain de l’émancipation n’a changé. Et ce n’est pas une récréation d’une demi-journée agrémentée d’une rose de chez le fleuriste du coin qui va démentir la réalité dans laquelle patauge la femme algérienne.  Cela dit, des femmes ont réussi à se soustraire à la pesanteur sociale et à défier les anachronismes intégristes. Ces rares femmes ‘’arrivées’’  doivent leur ‘’réussite’’ à leur tempérament de battante et au soutien qu’elles ont trouvé auprès de leurs familles et auprès de leurs maris.  C’est en tous les cas le cas de Dalila Saoudi, députée indépendante.  Petite, la députée a gambadé avec ses neuf frères et sœurs et d’autres mioches de son âge dans la Kabylie profonde, à Chorfa.  Elle n’avait sans doute pas subi les contraintes d’un Fouroulou, mais, on le devine aisément, la vie au village, en ces années 70, n’était pas de tout repos pour une môme kabyle, décidée à s’accrocher aux études et trimbaler le plus loin possible son cartable. Son ambition ne sera pas contrariée par un père aux apparences rigoureuses. En fait, nous laissera entendre Abdenour, le mari de la députée, c’est cette rigueur et intransigeance d’un père attentif, sans en donner l’air, qui  permettra à la petite Dalila  d’atterrir au collège de M’chedellah puis au lycée de jeune fille de Bouira. Pour beaucoup, arriver  à ce niveau d’instruction, c’est déjà énorme. Pas pour la jeune Dalila qui décrochera son bac et rejoindra l’université de Tizi-Ouzou. La jeune étudiante n’avait droit qu’à cent dinars pour une vingtaine de jours. C’est dire que les choses n’étaient pas faciles. Mais ceci semblait n’être qu’un petit détail pour l’étudiante. Le plus important est de réussir. Elle réussira et ouvrira son cabinet d’avocate  en 1992.  L’avocate estime que plus on va  loin, plus on est utile à sa société, à son pays.  Soutenue et encouragée par un mari qui, à sa manière, est engagé sur le terrain de la République , l’avocate  se présentera à la tête d’une liste indépendante aux législatives de  2006. Sa candidature sera dans un premier temps rejetée, sous prétexte qu’un volet de son programme ne mettait en évidence que  la promotion de la dimension amazighe. Elle expliquera que c’est la seule dimension de l’identité algérienne qui a besoin de promotion et  de soutien. Sa candidature sera au final retenue. Dès lors, elle retroussera ses manches et mènera une campagne qui la conduira aux tréfonds des territoires de la wilaya de Bouira. «Elle perd son temps, elle n’a aucune chance ! », pensait-on alors sur fond de rictus qui en dit long sur le dédain que l’on affiche à l’endroit de la femme en général et de la battante en particulier. La candidate n’en fera pas fi. Elle connaît sa société et était plus que quiconque  préparée  à faire face aux qu’en-dira-t-on, qui au fait, stimuleront son engagement. Sa résistance finira par payer. A l’heure qu’il est, Madame la députée est à New York où elle prend part  au Congrès international sur la femme. Par le biais du Net, nous lui avons demandé ce que représente pour elle le 8 Mars. Elle nous dira que même si la Journée de la femme  trouve son origine dans les manifestations des femmes au début du XXème siècle en Europe et aux États-Unis, «  la femme algérienne à travers ses militantes de la première heure telles Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired, madame Bitat ou encore plus loin Lalla Fadhma n’Soumer ou la Kahina a prouvé à travers les temps qu’elle n’était pas en reste »  A propos de la situation de l’Algérienne à l’heure qu’il est, madame la députée nous dira : «  La femme algérienne a traversé plusieurs écueils dont la plus dévastatrice, reste la décennie noire. Mais,  elle a continué à se tenir debout et à aller de l’avant. Il lui reste beaucoup à faire afin d’arriver à une égalité parfaite mais tel est notre défi aussi, afin d’améliorer le quotidien de nos filles et sœurs pour les prochaines décennies. Je viens de revenir d’un congrès international sur la femme à travers le monde et tout n’est pas nécessairement rose partout, même dans les pays les plus développés. Je ne vous citerai comme un petit exemple que les grilles salariales entre les hommes et les femmes, que ce soit en Suisse, au Canada ou ailleurs. Ceci pour dire que même avec nos problèmes de tous les jours, je pense que la femme algérienne avance vers l’avenir et ne peut que s’améliorer ».

Ainsi, pour la petite Dalila aujourd’hui grande le combat continue.

T.Ould Amar

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