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selloum village kabyle
6 septembre 2008

Ce que Bouteflika ne verra pas à Bouira...

                               Le président y est attendu aujourd’hui
                                Ce que Bouteflika ne verra pas à Bouira...


Il est certain que la venue du président de la République dans la wilaya  de Bouira apportera un nouveau souffle aux projets en instance depuis plusieurs années dans les différents tiroirs de l’administration.

Les populations, notamment celles issues de milieux ruraux doivent-elles alors s’attendre à une amélioration de leur cadre de vie ?  Le président de la République en tant que chef d’Etat se rendra ainsi pour la première fois au chef-lieu de wilaya. Bouteflika avait, en tant que candidat à l’élection présidentielle, en 1999 et 2004, sillonné plusieurs localités de la wilaya mais jamais en tant que président de la République. En mai 2003 lors du séisme de Boumerdès, Bouteflika s’était toutefois rendu au chevet des victimes du tremblement de terre à l’hôpital de Lakhdaria, une brève visite de circonstance. Depuis et à maintes reprises, la venue du président était annoncée pour ensuite être reportée, voire démentie.  Comme ce fut le cas l’année dernière, au mois de juin, lorsque les services de la wilaya avaient travaillé d’arrache-pied pour recevoir le premier magistrat du pays, qui en fin de compte n’était pas venu. Néanmoins, les travaux d’embellissement réalisés à cette époque avaient agréablement surpris les Bouiris, non habitués à voir des travaux réalisés avec autant de célérité et de promptitude.  Cette fois encore, les travaux d’aménagement et d’embellissement vont bon train un peu partout où devra se rendre le cortège présidentiel. Arbres, plantes vertes, réfections des lampadaire, poses de bordures, peinture sur le sol pour matérialiser la signalisation routière, drapeaux flambant neufs, sont autant de signes qui balisent l’itinéraire des sites sur lesquels est attendu le président.

20 000 âmes toujours privées d’eau à Aghbalou

Pourtant dans la wilaya de Bouira, des citoyens s’interrogent, non pas sur ce que le chef de l’Etat doit inaugurer ou inspecter, mais plutôt sur toutes les choses qui lui seront sciemment et savamment cachées.  Le retard accumulé dans plusieurs domaines est flagrant. En matière de ressources hydriques, même si les visites des barrages de Koudiat Acerdoune, dans la commune de Lakhdaria et celui de Tilsdit dans la commune de Bechloul sont des avancées notables en la matière, plusieurs grands villages souffrent toujours aussi sérieusement du manque d’alimentation potable. Le cas de la commune d’Aghbalou, plus de 20 000 âmes est illustratif à plus d’un titre.  Autant de citoyens privés d’AEP pour des raisons encore obscures. La source Ainsser Averkane dans la commune de Saharidj devait, en principe, alimenter Takerboust, Selloum et d’autres villages de la commune d’Aghbalou, mais jusqu’à présent, il n’en n’est rien. Les villageois de Takerboust continuent à "s’abreuver", comme ils aiment à le qualifier, à partir d’un oued et ce d’une manière de plus en plus aléatoire. Pourtant ce ne sont pas les budgets qui ont manqués pour alimenter en  AEP cette localité promue au rang de commune depuis 1984. Mais le président Bouteflika ne prendra sûrement pas connaissance de cette localité ni des problèmes rencontrés quotidiennement par sa population. Le premier magistrat du pays doit inaugurer également la nouvelle centrale électrique de Bir Ghebalou. Superbe réalisation qui renforcera le réseau électrique avec une puissance de 30 000 mégawatt.

Une aubaine pour la wilaya et son réseau qui enregistre des pannes impromptues et inopportunes aussi bien en hiver qu’en été. Mais ce que le président ne saura pas, c’est que le problème des black-out et pannes électriques à répétition ne provient pas uniquement du manque d’énergie électrique.   Le problème comme l’a expliqué le directeur de l’agence Sonelgaz de Bouira, provient d’un individu qui a construit sa villa sur le câble principal alimentant le chef-lieu de wilaya : "Nous avons une panne due à la construction d’une villa sur le réseau électrique chargé d’alimenter la ville de Bouira. L’individu a, lors des travaux de terrassement de sa villa, endommagé sérieusement le câble principal, et nous ne pouvons pas le réparer.

Pour cela, il faudrait soit entièrement démolir cette villa, soit faire payer le contournement du réseau électrique par la personne qui lui a délivré le permis de construire, si toutefois il en possède un. Actuellement, la ville est alimentée par le réseau de secours de la ligne d’Ath Laâziz, c’est une solution temporaire et qui risque de ne pas tenir longtemps."

Un particulier a érigé sa villa sur le câble d’alimentation électrique du chef-lieu

Une situation donc plus que précaire pour les Bouiris. Que dire encore du taux de pénétration en gaz  de ville qui selon le DMI aurait atteint les 38%à l’échelle de wilaya. Des communes à vaste densité en population attendent toujours cette commodité, comme c’est le cas à Aghbalou et à Saharidj.  Le président de la République qui empruntera des routes fraîchement bitumées sur le tronçon qui le conduira dans différentes localités, ne s’apercevra pas du calvaire enduré par ses concitoyens avant sa visite. Le rond-point Est de la sortie de Bouira était en travaux depuis plus de deux ans, et comme par miracle en une seule nuit, le rond-point en question est devenu praticable et carrossable.  Un exploit qui ne dit pas son nom, mais qui demeure une exception. En effet, les travaux d’aménagement et d’extension de la RN15 reliant Chorfa à Aïn El Hammam ont été amputés sur plusieurs kilomètres. En effet, le tronçon Col de Tirourda jusqu’à la périphérie de la commune d’Aghbalou a connu un élargissement de la chaussée, mais d’Aghbalou jusqu’à Chorfa, seule une couche de bitume a été réalisée sans que la chaussée ne soit élargie. Le Directeur des travaux publics de Bouira avait annoncé qu’il s’agissait là d’une réfection en attendant l’aménagement de ce tronçon : "La plupart des terrains appartiennent à des privés et les procédures d’expropriation sont longues et prennent énormément de temps pour être gérées, donc dans un premier temps, la réfection de la chaussée en béton bitumineux a été réalisée en attendant de procéder à l’élargissement de quelques virages seulement", disait le premier responsable des travaux publics de la wilaya lorsque nous l’avions interrogé sur le sujet. Au sujet des cent locaux par commune, projet quinquennal initié par le président de la République, ce dernier serait étonné de constater le retard enregistré dans certaines communes.  Il existe en effet, des APC qui n’ont toujours pas trouvé d’assiette foncière pour réaliser ces locaux au profit des jeunes chômeurs. Pourtant, à une certaine époque, l’Etat pouvait se permettre de réquisitionner des terres pour y implanter des projets d’utilité publique, mais aujourd’hui l’Etat n’est plus ce qu’il était. Un exemple pour illustrer ce cas de figure réside dans la commune d’Aghbalou, 60 km à l’est du chef-lieu de wilaya. A Takerboust, des terrains, faisant l’objet de litige entre des privés et la commune, sont à l’heure actuelle, et malgré une décision de justice à l’abandon. Cet épineux dossier avait suscité beaucoup d’espoir auprès des citoyens de la localité qui voyaient à cet endroit l’occasion de bénéficier d’infrastructures inexistante jusque-là. En effet, après plusieurs années entre les mains de la justice, cette dernière a donné gain de cause à l’APC pour récupérer lesdits terrains et les propriétaires devaient en être expulsés. Mais la décision de justice n’a toujours pas été appliquée depuis le temps pour des raisons plus qu’obscures. C’est donc le citoyen qui exproprie l’Etat en l’absence de décision politique pouvant permettre l’implantation de structures étatiques d’utilité publique dans une commune qui souffre du manque de foncier.  A ce sujet, le président n’en saura rien. Sur le registre des logements, il serait étonnant que le chef de l’Etat soit informé sur le chiffre faramineux des demandeurs de logements qui postulent pour avoir un toit. Même si de nombreux logements ont été réalisés ces dernières années, l’offre demeure bien en deçà de la demande.

La grande léthargie à la zone industrielle de Oued El Berdi

Rappelons par ailleurs que la manière dont sont distribués ces logements suscite toujours la colère des citoyens qui se sentent marginalisés par cette répartition. La zone industrielle de Oued El Berdi à la périphérie de Bouira, qui devait attirer les investisseurs et autres industriels, du fait que la wilaya constitue par sa situation géographique un des carrefours économiques les plus importants du pays, demeure elle aussi toujours en attente de l’essor intéressant qu’elle devait susciter. Pourquoi cette léthargie subsiste-t-elle ?

Quels sont donc les facteurs qui causent autant de désagréments à cette région aussi bien sur le plan touristique qu’agricole. Les potentialités des plaines fertiles des régions des Arribs ainsi que celles du plateau d’El Esnam ont prouvé qu’elles pouvaient assurer une rente non négligeable sur la production de blé et de pommes de terre. Mais le programme du FNRDA a-t-il été appliqué dans toute sa rigueur ?

Lorsqu’on s’aperçoit que les agriculteurs déversent sur la RN5 des tonnes de tubercules parce qu’ils n’ont pas trouvé de chambres froides pour les entreposer ni les stocker, la réponse est évidente. Lors de sa visite aujourd’hui, le président de la République verra et constatera sûrement des avancées considérables dans quelques domaines, notamment sur le tronçon autoroutier de 101 kilomètres traversant la wilaya de Bouira, mais qu’en est-il des projets qui demeurent encore à l’agonie ?  Ces projets porteurs d’espoir économiques pour des milliers de citoyens, notamment ceux issus de zones rurales, et que l’on cachera certainement au premier magistrat du pays, de peur de…

                                                                                             
Hafidh B. - DDK -

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