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selloum village kabyle
1 décembre 2007

L’élection à travers la Kabylie profonde

.Jeudi fut une journée particulière dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il y avait certes les élections municipales mais surtout un temps pluvieux inhabituel en cette période de l’année. Si dans la matinée, l’affluence a été plutôt timide, dans l’après-midi par contre, la participation s’est considérablement accrue. Retour sur cette journée dans quelques localités retirées.

Ath Zmenzer

Morosité et absence d’enthousiasme

Ath Ouanèche, dans la commune d’Ath Zmenzer, sur les 1 451 inscrits au centre de l’école Makhlouf-Mohand-Ouyidir, 18 seulement avaient voté à 10 h. Un chiffre qui laissait présager un taux de participation des plus bas. M.Omar Seddiki, chef du centre, rassure que depuis l’ouverture des bureaux, le vote se déroule dans la sérénité. Les représentants des trois partis FFS, FLN et RCD veillent au grain. Un quadragénaire nous conseille : «Allez au chef-lieu Alma, vous trouverez sans doute plus de monde car toutes les têtes de listes APC sont de là-bas». Notre photographe se morfond car après une longue attente, aucun électeur ne se présente. La pluie battante peut justifier, mais juste en partie, cette désaffection. Finalement même à Alma, les chiffres sont aussi timides. Sur 1 058 inscrits, 18 ont glissé leurs bulletins dans l’urne à 10h30.

Malgré ce chiffre faible, le chef de centre, Slimane Achir se montre optimiste : «Il y aura sans doute plus de votants que lors des précédentes législatives». Notre interlocuteur est convaincu qu’à partir de 13 h, il y aura affluence. Dans la commune d’Ath Zmenzer, le triste souvenir des incendies ravageurs de l’été dernier n’est pas près de s’effacer. «Nous y avons perdu trois citoyens de notre commune», lance l’un des compagnons du chef de centre. L’absence de l’Etat lors de cette catastrophe naturelle peut-il influer sur l’engouement des votants potentiels ? Un groupe de quadragénaires répond qu’il s’agit là d’une évidence.

L’une des victimes de ces incendies étant un responsable de l’APC, nous nous sommes rendus au siège de la mairie afin de discuter avec ses collègues. Mais le secrétaire général de cette APC, qui ne semble pas avoir l’habitude d’accueillir des invités, a tellement manqué de tact que même ses amis, présents dans son bureau au moment de notre passage, ont été déçus par sa conduite peu amène.

Le badge que nous ont remis les services du cabinet du wali la veille, ajouté au fait que le chef de daïra était au fait de notre passage, sans compter nos ordres de mission, n’ont pas suffi pour mettre en confiance ce « responsable » en mal d’affirmation. C’est la seule APC dans toute la wilaya où notre équipe a eu à faire à ce genre de pratiques.

D’Ath Zmenzer à Aïn El Hammam, le chemin est non seulement sinueux mais la brume rend la visibilité très difficile. Notre conducteur Kamel ne cesse de maugréer contre ce climat peu clément.

Maisl’état de ses nerfs n’a aucune répercussion sur sa conduite qui reste parfaite. A Aïn El Hammam, non seulement, il pleut, en plus il fait froid.

La recherche du centre de vote de l’école filles n’a pas été facile à cause des nombreux «sens interdits» mais aussi vu que ce centre est situé dans un endroit complètement isolé, sur une descente difficilement carrossable. Le portail de l’école est tellement étroit qu’on peut se croire à l’entrée d’une maisonnette de campagne. Le centre est constitué d’un seul bureau. Il est destiné aux citoyennes habitant le chef-lieu communal. A notre arrivée à la mi-journée, 20 femmes avaient voté sur les 511 inscrites. Le chef du centre précise que ce taux est inférieur à celui enregistré lors des dernières législatives. «Généralement, l’affluence augmente à partir de 13h», précise le chef de centre. Dans ce bureau, des représentants du FLN, RND, RCD et FFS surveillent.

Le PT n’y a pas de représentants. Dans toute la commune de Aïn El Hammam, on dénombre 28 bureaux de vote pour 21 villages et deux cités : Akkar et Sidi Ali Ouyahia.

Dans la ville, peu d’intérêt est exprimé par rapport à cet événement. Dans le restaurant, nous tentons un petit sondage. «Ici, c’est le RND qui va l’emporter», lance spontanément un serveur. Un citoyen, en train de se délecter de son plat de haricots blancs enchaîne, pour conforter son prédécesseur : «Je préfère mille fois Ouyahia que Saïd Sadi. Ce dernier a divisé la Kabylie et continue à en faire un fond de commerce. Au moins Ouyahia a une stature nationale. En plus il n’insulte pas quand il parle…».

Dans l’école de Ait Hichem, commune d’Ait Yahia, l’amabilité de Ait Aliaoua Hammou est vite mise à l’écart par une crise de nerfs du chef d’un bureau et le représentant du parti du RCD qui ont failli en arriver aux mains si le chef du centre ne s’était pas interposé grâce à sa stature imposante mais surtout sa sagesse.

Quand nous demandons au responsable du bureau si notre photographe pouvait faire son travail, en l’informant que nous avons obtenu l’aval du chef du centre, ce dernier répond : «Le chef du centre est responsable de cette porte à l’extérieur. Ici, c’est moi le chef». Cette scène montre combien la concurrence est serrée dans ce village important de la commune. Cet emportement est certes, un cas isolé mais il n’a pas manqué d’entacher une ambiance qui aurait pu être celle d’un jour de fête. Notre photographe n’a pas pu donc faire son travail pour immortaliser ces moments. M.Ait Alliaoua nous reçoit, malgré tout, dans son petit bureau pour nous livrer les chiffres essentiels : son centre compte 1 153 inscrits.

A 14 h, 126 votants ont été enregistrés concernant l’ APW et 102 pour l’APC. Plusieurs citoyens interrogés à l’extérieur du centre nous ont confirmé qu’il régnait une grande tension depuis l’ouverture des bureaux à 8 h : «Des personnes accostent les votants à l’entrée du centre pour leur dire pour qui ils devraient voter».

Le Chemin vicinal numéro 4 reliant Ait Yahia à Mekla est désert en ce jour de vote. Aucun véhicule n’est croisé sur un trajet d’une demi-heure. Dans un coin perdu, le premier village de Mekla s’appelle Tizi n’Targa. Il est 13h 45.

Une ambiance bon enfant règne à l’intérieur du centre de vote de ce village où, au moment de notre arrivée, 112 citoyens ont voté sur les 536 inscrits sous l’œil vigilant des observateurs du FFS, RCD, FLN et RND. «La majorité des votants a plus de quarante ans», dit le groupe de personnes qui assurait le bon déroulement du scrutin. Mais tous s’accordent à dire que le nombre de votants est légèrement supérieur par rapport aux dernières législatives du 17 mai 2007.

Les citoyens de Tizi N’Targa ne sont pas motivés pour ce genre d’événement. Et comment peut-il en être autrement quand on sait que ce village de 6000 habitants souffrent encore de la pénurie en eau potable, sans compter les coupures d’électricité presque quotidiennes en hiver !

La poste a été fermée car difficile à gérer. Pourtant, Tizi n’Targa est le centre de gravité de plusieurs autres hameaux comme : Ait Mekki, Igoulfane, Mahmoud, Laghrous, Amazoul, Ait Moussa…

Tizi N’Targa n’est pas moins loti que le village Mesloub, situé à l’entrée sud de la ville de Mekla. L’école primaire « Djabali-Rabah dit Idir » est dans un piteux état.

La cour de l’école ressemble à une piscine et les deux «immeubles» de classes menacent visiblement de s’effondrer à la moindre secousse.

«Cette école a été inaugurée en 1953», affirme un riverain qui rappelle que son père était parmi les ouvriers qui l’avaient construite à l’époque coloniale.

Le dispositif sécuritaire est moins discret ici.

Trois policiers armés, mais affables, nous invitent à prendre attache avec le chef de centre. Lors de notre passage, 265 citoyens ont accompli leur devoir sans aucun incident, indique le chef de centre.

Les élections se déroulent dans un climat de fraternité exemplaire. Tout comme au centre de l’école des garçons de Mekla centre. Nous remarquons l’existence d’un monde considérable sur l’esplanade.

Il est vrai que le climat tend à s’améliorer avec même quelques lueurs de soleil. Hocine Kemel, le remplaçant du chef de centre livre les chiffres à 14h 30 : 634 votants pour l’APW et 606 pour l’APC ont été consignés sur les 2 254 inscrits à travers les trois bureaux de vote. «Je n’ai jamais vu autant d’affluence pour une élection», révèle le remplaçant du chef de centre.

Pour lui, ce phénomène reflète que les citoyens veulent un changement.

Malgré la diversité politique qui caractérise la commune de Mekla, aucune escarmouche même minime n’est signalée alors que cinq partis sont en lice, avec des chances presque égales : le RCD, le FFS, le FLN, le PT et le RND.

Au centre de vote de l’école des frères-Moula de Tala Atmane, dans lequel nous atterrissons en empruntant le pont de Tamda qui relie la RN 12 à Ouaguenoun, l’ambiance est électrique.

Même si à l’intérieur des bureaux, la sérénité a pu être maintenue, ce n’est pas du tout le cas dans la cour. Mohammed Oudache, chef de centre, invite gentiment les représentants du FLN, RND et les indépendants à patienter un peu car ces derniers voulaient faire part des anomalies relevées depuis le matin.

Le chef du centre précise que 450 personnes ont voté sur les 1 856 inscrits.

Ce chiffre, signale-t-il, est largement supérieur à celui des législatives. Une tournée à l’intérieur des quatre bureaux de vote (deux pour les femmes et deux autres pour les hommes) montrent qu’effectivement le scrutin se déroule normalement à l’intérieur. Mais à l’extérieur, les représentants des partis FLN, RND et indépendants sont en colère. Très en colère.

Tellement énervés qu’ils ont même refusé au départ de nous parler après nous avoir vu serrer la main à des militants du RCD, dont Mme Moula, élue à l’ex- APW. Ce n’est qu’après les avoir rassuré que nous allions rapporter fidèlement leurs doléances qu’ils ont fini par dire : «Dès l’ouverture du centre à huit heures du matin, il y a eu fuite des bulletins. Les premiers votants emportaient avec eux les bulletins et les militants du RCD se chargeaient de les remettre aux vieilles et aux votants indécis qui arrivent devant le portail».

Nos interlocuteurs soulignent qu’ils ont signalé ce dépassement à la direction de wilaya de leurs partis et que des procès- verbaux seront rédigés et adressés à la wilaya en fin de journée.

Les militants du RCD, présents sur les lieux, réfutent en bloc les accusations de leurs adversaires politiques et estiment que ces derniers commencent à avoir peur car le RCD était parti favori dans ce centre.

Le centre de vote de Agouni Taga, commune de Ait Aissa Mimoun (daïra de Ouaguenoun) respire la sérénité. Malgré la rigueur du climat, des dizaines de personnes sont agglutinées aux alentours des classes.

D’après Belaid Merrad, le chef du centre de l’école de Lebdahi indique que sur 705 inscrits, 265 personnes ont voté pour les APC dont 84 femmes.

Pour l’APW, il signale 146 votants dont 44 femmes. Boualem, l’un des encadreurs de ces élections déplore le problème des citoyens et citoyennes illettrées : «Certains arrivent et nous demandent si nous pourrions leur montrer le bulletin de tel de tel candidat. Chose impossible bien sûr».

Les représentants des partis : FFS, RCD, FLN et du RND surveillent l’urne. Aucun problème n’a été enregistré depuis l’ouverture des bureaux à 8 h du matin, rassure le chef de centre. Un seul acte a été toutefois déploré par plusieurs présents : un candidat tête de liste a assuré le transport et les déplacements des votants dans le but évident de les amadouer afin qu’ils votent pour lui.

Aomar Mohellebi

Ouaguenoun

Sagesse et ambiance familiale

Tala Atmane

Le RCD fraude…et crie à la fraude

Mekla

Affluence et calme

Tension et dépassements

Ait Yahia

Sérénité et indifférence

Aïn El Hammam

L’élection à travers la Kabylie profonde

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