Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
selloum village kabyle
2 décembre 2007

La maison FFS a pris eau de toutes parts

Aux origines de la débâcle du FFS
La maison FFS a pris eau de toutes parts

La débâcle électorale du Front des forces socialistes, jeudi dernier, semble avoir fait mal, très mal même au président du parti, Hocine Ait Ahmed, qui a fait sauter le fusible Tabou. Les protestataires applaudissent la décision du zaïm mais restent sceptiques quant à un assainissement global du parti.

Il a été désigné pour mener le FFS à bon port, Karim Tabou échoue et provoque le naufrage de la première force politique en Kabylie après l’avoir fait heurter aux urnes. Le jeune militant, nourrit par de fortes ambitions, marquera des points d’échelons au sein de la direction nationale de son parti en un laps de temps très remarquable.

Mais c’est sa conduite qui faisait mouche parmi ses frères militants qui n’ont jamais apprécié sa façon de traiter avec eux.

Ali Laskri, alors premier secrétaire national, lui donnera toute la latitude d’agir. C’est sous sa coupe qu’il s’illustre en sa qualité de secrétaire national chargé de l’information où rien ne se décide sans son consentement. Son poste au sein de la direction nationale fait de lui un homme médiatique. Le verbe facile, Tabou sait cultiver le discours populiste par lequel il exprime son avanie envers tous les partis politiques mais aussi contre les gouvernements successifs. Il aura gagné, en tous les cas, la sympathie de quelques médias qui le rehausse au devant de la scène politique.

Ali Laskri, reconduit par Ait Ahmed pour un second mandat à la tête du parti, commence à prouver ses limites. Certaines sources proches de la direction nationale affirment que sa mission de mener le parti vers les législatives a trinqué. La maison FFS commençait à prendre feu avec l’apparition de l’opposition en son sein.

L’épisode du 21 décembre 2006 où des militants parmi lesquels des anciens de 63 seront violemment bastonnés devant le siège national a fait craindre le pire à Hocine Ait Ahmed. Celui-ci ne voulait absolument pas rééditer le scénario de 1996 provoqué par     « le groupe de Tizi-Ouzou », lorsque le parti se vidait de ses cadres, dont certains d’entre eux seront repêchés par le RCD dans le cadre de sa « convergence démocratique ».

Ait Ahmed décide donc de se passer des législatives de mai dernier pour tenter de sauver les meubles. Ses plus proches conseillers, que le Mouvement des militants légalistes qualifie de membres du « cabinet noir », feront propulser Tabou au devant pour donner « les explications politiques du boycott des législatives.» L’argument passe.

Le zaim veut changer de main à la tête de son parti. Il convoque Laskri, selon certaines sources et le rencontre au Maroc, pour lui signifier sa fin de mission et lui proposer son successeur. Laskri semble avoir jeté son dévolu sur Madjid Lemdani, le financier du parti.

Ait Ahmed rejette la proposition de son lieutenant et désigne Tabou sur le champs comme successeur à Ali Laskri. Il faut dire que le jeune militant, fraîchement diplômé en sciences économiques à l’université de Tizi-Ouzou, a su charmer les conseillers d’Ait Ahmed au point où il s’est garanti leur bénédiction.

Quelques jours avant la tenue des élections législatives, Tabou prend les rênes du FFS. Il ne tarde pas d’ailleurs à mettre en banle sa machine contre toute voix discordante au sein du parti. Des dizaines de cadres seront mis au carreau, des levées de couverture politiques contre des maires élus sous les couleurs FFS ainsi que des radiations sans limite de tout militant qui osera exprimer sa divergence avec la conduite du nouveau chef.

Une noria de militants et de cadres, exclus ou pas du parti, s’organisent pour former un mouvement de protestation qui finira par se donner l’appellation de « Mouvement des militants légalistes » qui tire ses origines depuis la période où Laskri fut premier secrétaire national.

Arrivent ensuite les préparatifs des élections municipales qui contribueront à creuser davantage le faussé déjà béant entre la base militante et la direction nationale. Des listes seront concoctées dans des climats électriques émaillés par des incidents, à l’image de ce qui s’est produit au siège de la fédération de Tizi-Ouzou. Celui-ci a été en effet saccagé par des mécontents. L’autre exemple de la « déroute annoncée » est le rejet pur et simple de la liste d’Ath Yenni, où le FFS ne s’est pas présenté alors que la région a de tout temps été acquise sans conteste au parti. Même climat et même comportement seront enregistrés dans la quasi-totalité des régions du pays où le FFS possède des militants.

D’aucuns criaient alors au feu. La maison FFS a sérieusement pris feu avant le 29 novembre, mais le zaim ne bronche pas, lui qui ne cessait d’exprimer son entière confiance en Karim Tabou. Celui-ci, fort de ce soutien précieux, se laisse pousser des ailes et mènera la campagne sans aucune stratégie politique. Ses discours sont assimilés par les observateurs à des spectacles de comédie.

Résultat des courses : le plus vieux parti de l’opposition subit un affront cinglant, notamment à Tizi-Ouzou où il perd douze mairies et passe la main de l’APW au RCD, son éternel rival politique dans la région.

Moins de 36 heures après la proclamation des résultats partiels des municipales, Ait Ahmed fait injonction à son ancien protégé de démissionner. Tabou acquiesce sans même donner les arguments d’un échec que le mouvement des militants légalistes a pourtant prédit.

« La démission de Tabou ne suffit pas à résoudre la crise qui couve au sein du FFS depuis près de deux ans car il y a tout un groupe qui a joué avec le prestige du parti, ils doivent tous partir.

Néanmoins nous restons à l’écoute de ce que le président va annoncer comme décisions courageuses pour sauver notre parti », nous a déclaré Mohamed Brahimi, ancien de 1963 et ex-premier secrétaire de la section de Rais Hamidou à Alger.

M.A.T

Publicité
Commentaires
Archives
Publicité
Publicité