Température et pouvoir d’achat en baisse

L’Aïd et fêtes de fin d’année à GrenobleTempérature et pouvoir d’achat en baisse

L’hiver s’installe à Grenoble. Un peu tard par rapport aux années précédentes. Il fait froid ce mardi matin.

Les premiers voyageurs courent en direction de la gare pour ne pas rater leur train. A quelques mètres de là, de nombreux marchands ambulants arrivent sur la place de Saint-Bruno. Chacun essaye de trouver le meilleur emplacement pour étaler ses marchandises. Il est sept heures du matin, mais il fait encore nuit. Le soleil trouve du mal à se frayer un petit chemin. Le tableau lumineux d’une pharmacie affiche la température matinale : - 2 degrès. Un gérant d’une brasserie, qui fait face au marché, ouvre son commerce et installe, en compagnie d’un serveur, quelques chaises sur la terrasse.

Comme les clients ne se bousculent pas encore devant les étals, de nombreux commerçants s’attablent pour savourer leurs tasses matinales avec une cigarette pour quelques-uns. Il faut dire qu’il ne reste, pour les fumeurs, que quelques jours avant qu’on leur interdise, à partir du 1er janvier, de fumer dans tous les lieux publics y compris dans les cafés, restaurants et discothèques, exception faite, jusque-là, après l’entrée en vigueur de la loi Evin. Plus de cendriers sur les comptoirs.

Nous sommes à quelques jours de l’Aïd El Kebir. Même si vous ne trouvez pas des moutons dans ce marché, fréquenté par une forte communauté maghrébine, vous trouvez tout ce qu’il vous faut pour préparer vos gâteaux de l’Aïd, des épices nécessaire pour un bon tajine ou un  savoureux couscous. Au menu des discussions ce matin, l’Aïd est bien sûr le thème du jour. Mais, ceux qui ne se sont pas vus depuis les derniers attentats d’Alger reviennent sur le massacre. Des attentats qui, il faut le dire, ont choqué, en plus des Algériens, tout le monde ici. Youcef Fellah, montre l’édition du mercredi 12 décembre du journal régional de Grenoble Le Dauphiné Libéré, qui s’intéresse habituellement à l’actualité régionale. Ce quotidien a consacré sa Une aux attentats Kamikazes. «Alger, le retour de la terreur» titre le Dauphiné Libéré.

Ici, en France, la presse dans son ensemble, les journaux télévisés, les radios, ont ouvert sur cet attentat. Les Algériens vivant ici ont suivi avec beaucoup d’inquiétude le développement des événements depuis le 11 Décembre.

L’inquiétude ne quitte plus personne. Chacun a peur pour ses proches. Samedi, 15 Décembre. Un car ferry, Tarek Ibn Ziad, a fait demi-tour après avoir quitté le port de Marseille. Un inconnu a appelé le Consulat d’Algérie à Lyon pour laisser entendre qu’une voiture piégée est à bord du bateau. Heureusement, ce n’était qu’une fausse alerte, et le bateau a quitté, une seconde fois, le port après une vérification minutieuse des services de sécurité à Marseille. L’événement n’est pas passé inaperçu ici. «J’ai été choqué. J’ai entendu la nouvelle à la radio. J’ai un ami qui était à bord. Il m’a rendu visite le vendredi, pour me demander si j’ai quelque chose à envoyer à ma famille» témoigne ce doctorant originaire de Tizi-Ouzou.

Baisse des températures et du pouvoir d’achat

Les températures continuent de baisser en France. Le pouvoir d’achat des Français aussi. Ce sont presque tous les ménages qui grelottent en ce moment. Les Français dépensent moins pour les fêtes. C’est dans l’espoir de rassurer les citoyens qu’un projet de loi sur le pouvoir d’achat est en discussion à partir de ce mardi à l’Assemblée nationale.

Pour ce qui est du froid, il faut dire que le gouvernement veut mettre fin à la polémique de ces derniers jours. Une polémique opposant la ministre du Logement Christine Boutin aux associations de défense des sans domicile fixe (SDF), pilotées par l’association du défunt L’Abbé Pierre et les enfants de Don Quichotte. C’est le premier ministre François Fillon qui déclare, ce mardi que, d’ici le 15 janvier, un contrat sera signé avec les associations concernées pour que «personne ne passera ses nuits dans la rue». Le froid qui traverse l’Hexagone en ce moment est à l’origine du pic de consommation en électricité. On a atteint une pointe de consommation de 88960 mégawatts ce lundi soir.  Ainsi, les gens s’apprêtent à fêter les fêtes de fin d’année en ayant une oreille branchée attentivement sur les discussions, sur le pouvoir d’achat.

Du côté des syndicats, même si ces derniers écartent un mouvement de grève afin de permettre aux gens de passer tranquillement leurs fêtes, ils risquent de débrayer, encore une fois en janvier, dans les transports, pour ne citer que ce secteur, qui revendique une augmentation générale des salaires et non au cas par cas comme proposé par le gouvernement  actuellement.

La neige au rendez-vous

En cette période de fête, s’il y a un endroit d’où vous pouvez savourer la beauté de la ville de Grenoble, c’est sans l’ombre d’un doute, les hauteurs de la Bastille. Tel un joli collier qui orne le cou d’une femme, ces jeux de lumières qui forment différentes figures géométriques, vous font penser à l’une des chansons de Lounis Ait Menguellet Dizurar af idurar (Des colliers sur les montagnes).  Ces derniers jours, la ville de Grenoble ne désemplit pas. Contrairement à l’année précédente, où les stations de ski n’ont pas drainé des foules, faute de neige, cette année, toutes les stations affichent déjà complet. Les vacanciers viennent de toute la France mais aussi de l’étranger pour passer les fêtes.

Ici, durant le week-end, il est difficile de se frayer un bout de chemin au centre ville. Des marchés de Noël attirent les foules. C’est la course contre la montre pour arracher la bonne occasion et trouver le cadeau qui fera plaisir aux enfants sans porter un coup dur à la bourse.

Le pouvoir d’achat des Français,comme nous l'avons souligné, est l’une des préoccupations du gouvernement en ce moment. Nicolas Sarkozy qui était attendu sur la question du pouvoir d’achat, l’un des sujets phares de sa compagne électorale, a annoncé dernièrement certaines mesures. Des propositions pour bonder le pouvoir d’achat de nombreux français qui trouvent du mal à joindre les deux bouts. Mais, comme le dit Justine, une caissière qui travaille dans un centre commercial, «c’est les patrons qui décident des heures supplémentaires et non pas les salariés. Nous nous attendions plutôt à une augmentation du SMIC (salaire minimum). Malheureusement, sur cette question, le président nous a laissé sur notre faim». Les prix des produits alimentaires ont augmenté dans les grandes surfaces et cela n’est pas passé inaperçu. Avant de passer à la caisse, les citoyens choisissent bien les produits qu’ils mettent dans leurs caddies. C’est un sujet d’actualité. Vous n’avez qu’à faire un tour dans un supermarché pour constater que les gens se plaignent de plus en plus de la dégradation de  leur pouvoir d’achat.

A quelques jours de Noël, les parents accompagnés de leurs progénitures, font le tour des magasins ouverts même le dimanche. Mais cette ouverture dominicale des magasins est un autre point de discorde entre ceux qui sont favorables parce qu’ils sont payés double et ceux qui veulent que dimanche reste un jour de repos.  Retour à la place Saint-Bruno. C’est ici que la majorité des miss tmourth se rencontrent. Pour acheter une carte téléphonique prépayée ou pour appeler directement d’un taxiphone au bled, les gens se rencontrent ici autour d’un café. Nous croisons Samir, un jeune originaire de Jijel. Il dit que même s’il n’a pas fait d’études, il aime bien observer, tel un sociologue, les gens et leur façon de vivre ici, en France. Il parle bien sur de l’ancienne génération d’émigrés.

Samir nous quitte. Il se dirige à la place Victor-Hugo, pour étancher sa soif. «Je ne boirai pas que de l’eau si quelqu’un veut m’accompagner ?», dit-il avant de sauter dans le tramway.   C’est à la place qui porte aujourd’hui, le nom de l’un des illustres noms de la littérature française, qu’il se dirige. Il nous précise avec son humour habituel, que c’est là qu’il attendra son papa noël personnel ou pour être plus précis, c’est  par là que passera, peut être, son âme sœur ...Nawel. Il faut dire que de nombreuses personnes ont pris leurs dispositions pour passer l’Aïd au bled. Les travailleurs qui n’ont pas pris leurs congés avant, et les étudiants qui profitent de ces vacances de fin d’année préfèrent la chaleur familiale surtout en ce moment où les températures sont  négatives sur l’ensemble de l’Hexagone

En attendant, en cette période des fêtes, si les uns auront, sur leur table, du mouton, une bûche et les différentes boissons quelles soient hallal ou pas, nombreux sont, bien sûr, les pères de famille pour qui ces fêtes ne sont que synonyme de dépenses et des trous dans leurs prochaines mensualités. Saha Aidkoum pour les uns, joyeux noël pour les autres et bonne année à tous.

De Grenoble, Said Taleb