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selloum village kabyle
23 décembre 2008

Une femme au marché aux bestiaux

Insolites
Une femme au marché aux bestiaux

Neuf heures. Le marché aux bestiaux est pris d’assaut. Ils viennent de toutes les wilaya “faire une bonne affaire”. Il est difficile de se mouvoir à l’intérieur de ce grand espace. La gadoue complique davantage le mouvement. La circulation automobile est encore plus difficile, d’autant plus que la route qui mène au marché en question est essentiellement empruntée par les poids lourds. Le souk, immense espace, est clôturé. Meuglements, bêlements et autres cris de bêtes dominent tout bruit. Mais plus nous nous approchons du centre du souk, qu’une voix féminine “surplombe” tous ces cris de bêtes. Nous n’en croyions pas nos oreilles. Une femme dans un environnement exclusivement masculin ! Nous nous rapprochons de la voix pour en avoir le cœur net. Nous n’arrivons pas à voir le visage de la voix : l’étal est “obstrué” par des dizaines d’hommes. Nous nous glissons les imsuquen pour découvrir une femme tenant un micro et louant dans un arabe familier, très familier, les vertus des herbes médicinales qu’elle expose. La dame, la quarantaine à peine entamée, semble avoir une maîtrise de la réclame. Ce qui suppose qu’elle est dans le métier depuis longtemps. Pour plus “impressionner” ses clients, elle expose sur son étal quelques livres traitant de l’anatomie de l’homme. Pour faire comprendre à son public qu’elle sait de quoi elle parle, elle entrecoupera, de temps à autre, son discours d’un “jargon scientifique” des plus basiques. La dame guérit le colon, l’ulcère, les courbatures, le mal de dos… tout ce dont souffre le commun des Algériens. Mais ce qui focalise l’attention dans cet espace “de souk el mal” est la “mine” de certains hommes qui entourent l’étal de la guérisseuse : ils semblent à la fois surpris et agacés qu’une femme s’incruste dans leur territoire. D’autres, habitués à la voix et au visage de l’intruse semblaient plutôt amusés. Mais, les états d’âmes des uns et des autres n’empêcheront pas “timseweqt” de remplir sa caisse en s’imposant dans un milieu exclusivement masculin pluriel. Peut-être que dans ce pays de paradoxes, la guérisseuse inspirera d’autres femmes…

T.O.A.

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